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Les cinq plus grands supermarchés de Belgique ne font pas assez pour les droits de l'homme, indique un classement : « C'est un signal d'alarme ».

Lidl montre clairement la voie, mais aucun grand supermarché belge ne fait assez pour protéger les droits de l’homme dans ses chaînes d’approvisionnement. C’est ce que révèle « Super-Liste Sociale », une étude menée auprès d’Aldi, Carrefour, Colruyt, Delhaize et Lidl, qui compare la protection des droits de l’homme, l’égalité des genres et les droits des travailleurs agricoles, des agriculteurs du Sud et des agriculteurs européens. Bien qu’il existe des projets forts, par exemple pour les producteurs de cacao, il manque une approche globale pour toutes les chaînes. Toutefois, la loi européenne sur le devoir de vigilance rendra cela obligatoire. Cette Super-Liste est une initiative du think tank Questionmark, en collaboration avec Rikolto et avec le soutien d’Oxfam Belgique et de Fairtrade Belgium.

Lidl, leader mais pas garant des droits de l'homme

Dans le classement, Lidl est en tête et Aldi se situe au milieu. Delhaize, Colruyt et Carrefour sont les moins performants. Chaque année, Lidl établit une carte des chaînes présentant un risque élevé de violations des droits de l’homme, puis identifie les problèmes et y répond. Lidl est également le plus transparent sur ses fournisseurs et est le seul supermarché à disposer d’une procédure de plainte spécifique pour ses chaînes d’approvisionnement. Lidl et Aldi sont également les seuls à disposer d’un plan d’action contre la violence sexiste pour l’ensemble de leurs chaînes.

Malgré cela, aucun supermarché ne peut garantir le respect des droits de l’homme dans ses chaînes d’approvisionnement. « Toutefois, à partir de 2027, tous les supermarchés devront identifier, traiter et prévenir les violations des droits de l’homme », explique Jelle Goossens de Rikolto. « Cette décision a été prise cette année dans le cadre de la loi européenne sur le devoir de vigilance. Cette étude est donc un signal d’alarme pour les supermarchés. »

Charlotte Linnebank, directeur de Questionmark, conclut : « Il est frappant de constater que Lidl est largement en tête en Belgique, mais tous les supermarchés peuvent faire beaucoup plus pour assumer davantage de responsabilités. J’espère que tous les supermarchés s’appuieront sur nos recommandations et, lors d’une prochaine étude, feront preuve de plus de transparence, de politique et d’action en matière de droits de l’homme. »

Des mesures sporadiques en faveur des revenus plus élevés des agriculteurs et des travailleurs

La plupart des supermarchés s’efforcent d’améliorer les revenus des agriculteurs et des travailleurs agricoles dans certaines chaînes. Lidl, Aldi, Colruyt et Delhaize s’engagent à verser un revenu décent aux travailleurs des plantations de bananes. Colruyt est le premier supermarché à rendre compte de l’écart entre le revenu décent et le revenu actuel des producteurs de cacao en Côte d’Ivoire. « Ce sont des projets précieux qui ont un impact réel », déclare Philippe Weiler, directeur général de Fairtrade Belgium. « Mais les supermarchés vendent de nombreux autres produits, comme le café, pour lesquels les défis sociaux et environnementaux demandent également une telle approche. »

Peu d’engagement en faveur des agriculteurs européens

L’étude examine également les politiques destinées aux agriculteurs européens. Ce printemps, les agriculteurs belges et européens sont descendus en masse dans la rue pour manifester leur mécontentement. Carrefour conclut des contrats à long terme et Colruyt s’approvisionne auprès de coopératives, ce qui renforce le pouvoir de négociation des agriculteurs. Toutefois, aucun supermarché n’a formulé d’engagement à l’échelle de l’organisation en faveur de contrats à long terme et de prix équitables pour les agriculteurs européens. « Les supermarchés et les agriculteurs européens peuvent établir ensemble des relations équitables et stables. Les bons exemples que nous voyons déjà ici, devraient devenir la norme », a dit Jelle Goossens de Rikolto.

Détecter, résoudre, prévenir

« Super-Liste Sociale » appelle les supermarchés à l’action. Bart van Besien, Oxfam Belgique: « Une première étape importante consiste à identifier vos risques et à évaluer cet impact négatif. Puis, vous pourrez prévenir et résoudre efficacement les violations des droits de l’homme. » « Super-Liste Sociale » montre qu’à l’heure actuelle, aucun supermarché n’a inclus et appliqué toutes les étapes du devoir de vigilance dans sa politique. « Les supermarchés ont donc encore beaucoup de travail à faire », conclut Van Besien. « Cela devrait être un signal d’alarme en vue des obligations légales à venir. »